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tessons émaillés
Iconographie tirée des armoiries des baillis de Thoune et de la précieuse tapisserie de Charles le Téméraire, exposés au château de Thoune
« Ressac »
Depuis des années, je ramasse sur les rivages les tessons érodés de briques rouges.
L’eau des lacs et des océans a englouti et gardé en mémoire des fragments de constructions passées et des objets du quotidien. Les vagues en restituent certains sur la berge.
Le flux et le reflux ont ramené les vieux tessons, ils se mêlent aux cailloux sur la grève. Certains sont si usés par les mouvements de l’eau qui charrie les éléments qu’ils se confondent avec des galets ordinaires. D’autres ont conservé leurs signes distinctifs de briques, de tuiles ou de pots : stries, cannelures, ondulations, sillons, rebords.
Par quel mystère ces tessons enfouis dans les profondeurs réapparaissent à la surface ? Pour me rappeler des mondes disparus ? Dans ma tête se bousculent des images de quartiers rasés, de demeures explosées, de villages engloutis par la construction d’un barrage…
Les tessons sont comme les scories de la volonté de progrès et de puissance de nos sociétés. Le flux et le reflux des vagues, un peu comme les humeurs sécrétées par nos civilisations à différents moments, effacent ou réaniment.